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Commentaire | Un réformateur et son temps

Saïed a visiblement une bonne idée de ce que représente l’Afrique. Ce qui doit être revu, ce qui doit s’y concevoir et ce qui doit être visé.  «Il n’est pas possible d’atteindre les résultats souhaités sans l’instauration de régimes politiques stables, sans la garantie d’une justice sociale et sans la consécration des droits humains». Paroles d’un Président réformateur en son temps, et jamais un dictateur.

Si l’histoire est nécessaire pour comprendre le présent, elle l’est encore davantage pour retenir les leçons, notamment en temps de crises. Au moment où le Premier ministre japonais annonce que les secteurs public et privé au Japon s’emploieront à mobiliser, durant les trois prochaines années, un financement d’environ 30 milliards de dollars au profit du continent africain; et au moment où les répercussions de la pandémie, ainsi que celles liées à la guerre en Ukraine, continuent de frapper de plein fouet les pays du continent, comment ne pas faire le rapprochement, à des années de distance, avec les temps infortunés où l’Afrique était la providence des puissances coloniales.

Ce qui se passe aujourd’hui en Afrique ne diffère pas beaucoup de ce que le continent avait enduré dans le passé. On réalise de plus en plus que les contraintes et les exigences ne sont plus seulement d’ordre financier et matériel, mais elles sont aussi liées à l’ingérence étrangère, surtout lorsque la souveraineté de beaucoup de pays n’est pas tout à fait assurée. Encore moins garantie.

Les relations et les rapports Nord-Sud ont besoin aujourd’hui de nouvelles approches, de nouvelles démarches et de nouvelles considérations. En somme, une nouvelle raison d’être basée sur la justice sociale et les droits de l’homme.

L’on comprend par là qu’un nouveau monde devrait naître. L’Afrique avait pris justement l’habitude de se revendiquer dans un milieu hiérarchisé et conservateur dans le fonctionnement. Serait-elle prête aujourd’hui  à façonner autrement son identité, ses besoins et ses revendications ?

Conformément à ce que beaucoup de pays laissent entrevoir, on a le sentiment que l’on ne fait que reprendre un vieux rôle de répertoire dans un combat d’arrière-garde à contre-courant, à reculons et dos au mur.

Dans son intervention inaugurale, le Président de la République a d’emblée appelé à une lecture objective de l’histoire de l’Afrique, de son présent, mais aussi de son histoire. «La Ticad 8 est une occasion de discuter fidèlement et impartialement de nombreux thèmes pour pouvoir franchir ensemble une nouvelle phase afin de garantir toutes les conditions propices au développement et à la création d’emplois et de richesses».

Sur la même lancée, Saïed s’est interrogé sur les causes de la propagation du phénomène du terrorisme depuis plus de deux décennies ainsi que sur les parties qui sont derrière. Il considère que les réponses aux différentes questions varient selon les approches adoptées, mais «certaines d’entre elles ne sont point  convaincantes», soutient-il, tout en affirmant que «le terrorisme est financé par des parties extérieures qui ont pour objectif de déstabiliser la région et de propager davantage la pauvreté et la misère auxquelles fait face l’Afrique».

La force du discours de Saïed vient assurément de l’idée que le Président de la République se fait de l’ordre mondial, de la recomposition des besoins et des priorités.

Certains pays africains sont entrés dans une phase de réhabilitation directe. Leurs dirigeants sont conscients du fait que les différentes contraintes et obligations actuelles sont de plus en plus tirées vers le haut. Ceux qui arrivent à s’y faire une place savent parfaitement que les dispositifs liés au développement, à la croissance, à la création de richesses et au progrès ont changé. Ils n’ont plus la même signification. Ces pays ont su ajuster les convictions de leurs dirigeants, ainsi que leur vécu en fonction des nouvelles évolutions.

Certains pays, comme la Tunisie de l’après-25 juillet, se heurtent cependant à un environnement fortement réticent et marqué par les arrière-pensées des partis et des hommes connus pour leur appartenance politique, les agendas qu’ils servent et l’allégeance et la soumission à l’étranger.

Il reste que ce que la Tunisie a pu entreprendre et réaliser jusque-là s’est avéré approprié, adapté et bienséant.

Il n’est plus difficile de le comprendre : Saïed s’est parfaitement investi dans les choix stratégiques et les équilibres politiques, sociaux et humains. Il a visiblement une bonne idée de ce que représente l’Afrique. Ce qui doit être revu, ce qui doit s’y concevoir et ce qui doit être visé. «Comment se fait-il qu’un continent aussi riche que l’Afrique se trouve obligé d’importer les céréales de la Russie et de l’Ukraine alors que certains pays du continent peuvent fournir les quantités nécessaires à tous les pays africains et arabes», a-t-il lancé solennellement dans l’un de ses discours prononcés à la Ticad 8.

«Il n’est pas possible d’atteindre les résultats souhaités sans l’instauration de régimes politiques stables, sans la garantie d’une justice sociale et sans la consécration des droits humains».

Paroles d’un Président réformateur en son temps, et jamais un dictateur.

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